L’innovation est un enjeu crucial pour toutes les entreprises. Les entreprises qui réussissent sont des entreprises innovantes. Et la capacité à innover est d’autant plus importante en période de crise pour s’adapter et se réinventer. Mais l’innovation ne se décrète pas, elle se pense et s’organise.
Pour faire de l’innovation un moteur efficace de croissance, il faut pouvoir instaurer une véritable culture de l’innovation et impliquer chaque collaborateur à la réussite de l’entreprise.
Libérez « l’Enfant libre » !
Eric Berne, fondateur de l’analyse transactionnelle, a mis en place une théorie de la personnalité basée sur les trois États du moi :
- Parent : correspond aux normes sociales, aux attitudes, aux convictions et aux comportements de nos parents ou des figures d’autorité qui nous ont marqués.
- Adulte : fait référence à la compréhension, la recherche d’information, l’analyse, la résolution de problème et l’efficacité.
- Enfant : permet d’exprimer nos besoins et désirs librement (Enfant Libre) ou de façon adaptée (Enfant Adapté).
En entreprise, ce sont les États Parents, Adultes ou Enfants Adaptés qui se manifestent le plus couramment.
Cependant, dans le cadre de l’innovation, l’Enfant Libre est particulièrement intéressant. Cette facette spontanée et libre est une importante source d’énergie, de changement et de créativité. L’Enfant Libre permet aux émotions et aux intuitions de s’exprimer.
Les comportements en entreprises sont souvent bridés. Il ne suffit pas de donner la permission d’être créatifs et libres pour que les collaborateurs le soient, surtout si certains individus ont toujours été dans un État du moi Parent. Le théâtre d’improvisation, les Serious Games, Jeux Agiles, et autres techniques d’animation, par leur caractère ludique et fédérateur, facilitent « l’activation » de l’Enfant Libre et donne l’autorisation de communiquer sans tabous.
Développez l’expérimentation
La créativité permet d’avoir de nouvelles idées, d’envisager les choses sous un angle différent sans penser à la solution. Elle fait partie du processus d’innovation mais elle n’est pas l’innovation.
Une entreprise peut être très créative, sans pour autant être innovante. Si les idées ne sont pas transformées en réalité, elles restent théoriques.
Face à l’incertitude et pour maximiser les chances de réussite, expérimenter le plus rapidement possible permet d’aller à l’essentiel et notamment de ne pas tester le produit final mais un produit minimum et viable (MVP, Minimum Viable Product). Le MVP contribue à minimiser les coûts d’investissement tout en validant ou en invalidant les hypothèses émises.
L’expérimentation est le moteur de l’innovation. Les méthodes agiles sont particulièrement adaptées au changement, à la rapidité d’exécution et à l’intégration continue des feedbacks des utilisateurs.
Les cycles d’innovation sont désormais ultrarapides. Les entreprises réalisent ainsi parfois en quelques mois ce qui aurait pris une ou plusieurs années.
L’expérimentation est bénéfique pour l’entreprise, mais est également stimulante pour les collaborateurs. Des approches d’expérimentation comme le Design Thinking, permettent d’avoir des retours formalisés et objectifs. Les employés testent rapidement et de manière concrète le fruit de leur travail ce qui contribue à accroître leur implication et engagement.
Accorder un authentique droit à l’erreur
L’échec est un aspect impératif d’une culture d’innovation. Il faut non seulement expérimenter le plus rapidement possible mais également échouer le plus vite possible (« fail fast »). L’échec est inévitable et fait partie du processus d’innovation.
« L’échec et l’invention sont des jumeaux inséparables. Pour inventer il faut expérimenter, et si on sait d’avance que ça va marcher, ce n’est pas une expérience. La plupart des grandes organisations embrassent l’idée de l’invention, mais ne sont pas disposées à subir la série d’expériences ratées nécessaires pour y arriver. »
Jeff Bezos, fondateur et PDG d’Amazon
Accorder un droit à l’erreur authentique est tout sauf simple car impact directement la culture de l’organisation : les croyances, les valeurs et les attitudes d’une entreprise. Il s’agit bien souvent de la partie immergée, non visible, de l’iceberg. De nombreux échecs sont ne pas signalés par peur du jugement (dans une culture de performance et du résultat) ou du blâme.
Un leader doit créer une sécurité émotionnelle pour encourager les collaborateurs à échouer rapidement en toute sécurité. Un travail est nécessaire pour réduire la stigmatisation de l’échec et favoriser la curiosité et l’humilité.
Dans un second temps, il est essentiel de saisir les leçons de l’échec par une analyse des causes profondes. La difficulté est d’éviter les raisons superficielles ou de tomber dans, ce qu’on appelle en psychologie, l’erreur fondamentale d’attribution. Par exemple, si un collaborateur, qui échoue, n’est pas apprécié par son manager, il pourra plus facilement être rendu responsable de l’échec. L’échec est attribué à la personnalité plutôt qu’à des raisons de circonstances objectives.
Pour éviter les partis pris et boucs émissaires, les innovations doivent être des actions collectives menées par des équipes interdisciplinaires.
Favoriser l’intelligence collective
Google, Mattel, Lotus Cars, Hewlett-Packard, Apple, Disney, Amazon…De nombreuses grandes entreprises ont vu le jour dans un garage. Ces histoires ont participé au mythe de l’innovateur solitaire dans son garage. Un mythe qui a eu la vie dure ! Pourtant, aujourd’hui, l’innovation passe par la collaboration et la co-création.
Face à la complexité, les entreprises sont obligées de s’adapter et de se réorganiser continuellement pour survivre et se développer. La réflexion n’est plus linéaire et rare sont les individus à trouver la solution seul.
L’intelligence collective est un moyen très puissant de trouver de nouvelles solutions et innover efficacement. Mais il ne suffit pas simplement de favoriser le travail collaboratif pour faire émerger l’intelligence collective. Cette dernière nécessite d’être pratiquée et vécue au quotidien. L’entreprise doit être ouverte à l’innovation ascendante où chaque collaborateur joue un rôle essentiel.
Les valeurs et les principes agiles sont un excellent moyen de développer l’intelligence collective dans l’organisation et permettre l’innovation. Les membres du groupe sont partis prenantes, responsables et interconnectés. L’engagement et la motivation sont accrus. Ils travaillent ensemble, dans un esprit de coopération pour un objectif commun. Un but partagé pousse à apprendre, à se dépasser et à innover.
Une intervention extérieure, notamment celle d’un coach, permet de s’affranchir des routines cognitives, fluidifier les échanges et réactiver la créativité.